
EDITO
Le temps de l’apprentissage du lire / écrire dans les campagnes parisiennes a été
différent suivant les lieux, les milieux sociaux, les capacités financières, le capital
culturel familial, l’option ou non pour le protestantisme et, en tout état de cause, il a
précédé l’obligation scolaire des lois Ferry (1881-82). Le repérage de petites écoles à
l’ombre des clocher dès le 15 e siècle vient en attester la réalité, les signatures sur les
registres paroissiaux viennent matérialiser la diffusion d’un écrit élémentaire et la
limite des apprentissages écourtés.
A partir du milieu du 15 e siècle, l’invention de l’imprimerie a permis la circulation des
textes à une échelle impossible auparavant. Chaque lecteur put avoir accès à un
plus grand nombre de livres ; chaque livre put atteindre un plus grand nombre de
lecteurs lettrés qui, au milieu du 18 e siècle, sont encore majoritairement des urbains,
clercs d’Eglise et notables laïques. D’une lecture paysanne édifiante faite à la veillée
par le père de famille qui lisait à haute voix pour la maisonnée assemblée, il ne
subsiste aucune trace dans les archives. Pour atteindre la lecture des plus nombreux
et des plus humbles, reste les titres diffusés par le colportage, marqués par
l’aventure et le merveilleux, ainsi que divers almanachs dont les dernières livraisons
hantent encore quelques combles de notre zone privilégiée d’intervention. L’énorme
développement de la presse quotidienne dans la seconde moitié du 19 e siècle et le
succès de ses romans-feuilletons ont contribué à la familiarisation des classes
laborieuses avec la lecture. A la fin de la période dans les bourgs des campagnes
parisiennes, c’est sur ce terrain déjà superficiellement labouré que l’école obligatoire
a pu développer un programme éducatif républicain.
DOMINIQUE RENAUX