
EDITO
Comme l’écrit l’historien Marc Ferro ; « l’image que nous avons des autres peuples, ou de nous- mêmes, est associée à l’Histoire qu’on nous a racontée quand nous étions enfants. Elle nous marque pour l’existence entière. »
Que penser des manuels d’histoire ? Pas ceux de nos grands-parents. Mais ceux d’aujourd’hui où la colonisation est édulcorée en faisant référence à des territoires conquis et non aux peuples y vivant ; où les luttes de décolonisation sont oblitérées ; où l’engagement des troupes indigènes dans l’armée française se résume trop souvent à une affiche aux couleurs chatoyantes pour la Première Guerre, à une légende sous une photographie pour la Seconde.
L’histoire à laquelle se rattachent beaucoup de jeunes des banlieues populaires fréquentant le second degré de l’enseignement publique ne peut se limiter à une légende. Globalement, l’action « Le Chapitre Manquant » permet à chacun des participants de réinvestir une histoire nationale complétée de figures auxquelles ces jeunes peuvent s’identifier. Leur absence dans le roman national ne peut que nourrir leur sentiment de n’avoir pas leur place dans la société d’aujourd’hui.