De la « Cerisaie en Champ long » mentionnée au XV° siècle à la barre de 10 étages que l’on n’oserait plus construire au même endroit, de nos jours, le temps a passé, la périphérie du village derrière l’ancien cimetière s’est construite et densifiée, le bâtiment érigé en 1957 s’est dégradé, les populations initiales ont laissé la place à une image de la diversité dans laquelle les originaires de l’Afrique sub-saharienne et des Antilles sont présents en nombre.
Ici plus qu’ailleurs dans la ville, il est nécessaire de mettre en œuvre un projet interagissant avec les acteurs locaux de façon à développer des actions favorisant, voire renouvelant, un lien social de proximité dans une vision interculturelle et intergénérationnelle.
Dans cette copropriété dégradée comptant un taux de jeunesse affirmé, il ne saurait être question d’intervenir, dans la durée ou même ponctuellement, sans réunir les conditions pour être, ne serait-ce que toléré.
Depuis les évènements de novembre 2007 dont le déclenchement et les développements se sont produits dans l’environnement immédiat de cette cité, le contrôle de tout mouvement à l’intérieur du périmètre, la suspicion même vis-à-vis du voisin, le renfermement sur soi, prévalent largement.
Dans ce contexte rendant difficiles la plupart des interventions de l’extérieur, le Collectif dispose de quelques atouts non négligeables nous semble-t-il :
- L’aventure de l’association a commencé au pied de la barre de la Cerisaie il y a 20 ans, dans les appartements des parents des deux premiers présidents. Les mamans résident toujours sur place. Dans les « usages locaux » l’important est de pouvoir se situer par rapport à un habitant identifié,
- par ailleurs, le Collectif a développé depuis 8 ans, quinze projets éducatifs au sein du collège Martin-Luther-King, dont certain sur la durée de l’année scolaire. Une partie importante des élèves habitant justement la Cerisaie, cette situation nous met en position d’être reconnu par beaucoup d’habitants et de disposer de médiateurs vers les familles résidantes que sont les parents.
En même temps qu’une requalification de l’habitat et des abords, l’opération de rénovation urbaine et les actions de restructuration du lien social l’accompagnant sont une occasion inespérée de permettre à tout un chacun, une expression pacifique des difficultés, une verbalisation des désagréments et des insatisfactions mais aussi une formulation des attentes légitimes, l’affirmation des désirs et des espoirs que toute jeunesse doit avoir en perspective à partir du moment ou elle respecte les règles qui rendent la vie en société possible.
La démarche se propose tant de documenter la mémoire de cette cité que de valoriser les univers personnels des habitants dans une logique de renforcement du lien social en interne à la cité et de réhabilitation dans le regard de leur voisinage immédiat.