EDITO
A minima, l’habitat c’est l’abri, la protection, la préservation. Mais habiter ce n’est pas uniquement s’abriter. Habiter est l’un des traits fondamentaux de l’être humain. Il n’y a que l’homme qui habite. Il n’y a que l’homme qui développe un processus d’investissement de son abri pour le transformer en habitat. C’est-à-dire que d’un endroit, au mieux, banalement fonctionnel, aujourd’hui souvent construit par d’autres, il va produire un lieu de vie personnalisé, un « chez-lui ». Le « chez-soi », c’est le lieu où l’homme est né, c’est parfois le lieu qu’il a adopté, c’est souvent le lieu où il s’est construit, c’est toujours l’espace habité qu’il investit dans le présent. Le terme « chez-moi » exprime quelque chose de l’ordre du sujet et de l’intériorité. Le mot est du côté du lien, des relations et du symbolique.
Habiter traduit la manière d’investir un cadre. Habiter, c’est découper dans le monde commun un espace clos, mais pas forcément hermétique. C’est définir un espace séparé et l’investir de façon personnalisée. L’habitation de l’homme n’est pas un objet que l’individu viendrait occuper, comme le bernard-l’ermite occupe une nouvelle coquille vide. L’intérieur que nous habitons, reflète notre intérieur intime.
Lieu du foyer, de la famille, de la socialisation, tout habitat, même le plus humble, est une œuvre qui abrite l’essence même du fait humain. Chacun y puise de quoi se constituer et perdurer.
Dominique RENAUX