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Projet Toni Morrison (2009-2012)

«….son désir exprimant le dégoût de sa race, je me demande toujours comment on pouvait ressentir cela. Qui le lui avait dit? Qui lui avait fait croire qu’il valait mieux être une bête de foire…que ce qu’elle était?»
postface de
«L’œil le plus bleu»

Proposer la découverte d’une auteure américaine, prix Nobel de littérature à des adolescents de 14 à 16 ans, procède d’un cheminement qui a débuté en 1993 lors de mon engagement d’artiste dans une aventure «improbable» de création partagée avec des jeunes de quartiers populaires. Ils plongeaient leurs désirs de cultures urbaines dans les cultures nord-américaines, dont la composante noire est éminente.

Un aspect mémoriel s’est fortement inscrit dans la création quand en 1998, nous avons produit une «Revue Nègre Déchaînée», commémoration de l’histoire des hommes assumée par un groupe d’habitants représentatifs de l’éventail des communautés locales: 53 protagonistes sur scène, âgés de 12 à 65 ans. Année 2000, le texte prend une place plus importante dans la composition des pièces. La pratique du jeu théâtral avec le «Chantier d’acteurs» et le dispositif Théâtre au collège, nous permet d’inclure des adolescents dans les créations, notamment avec «Dessine–moi un Français!»

La place du public est au cœur de nos réflexions, «pour qui faire théâtre? Et à partir de quoi? Dans le spectacle « On reconnaît plus l’arbre à ses fruits qu’à ses racines» le public et les acteurs étaient assis ensembles dans les chaises et les fauteuils qui composaient l’espace de la représentation Les engagements réciproques étaient plus risqués.

Dans l’exploration du roman «l’œil le plus bleu» de Toni Morrison, nous nous interrogeons sur le processus de création en sensibilisant des publics potentiels et en lui faisant une place. La participation à des ateliers d’expressions, l’étude de l’œuvre sous plusieurs angles, en anglais en français et en arts plastiques avec la recherche d’une incarnation d’héroïne par divers matériaux.

A travers l’extrait des pages 52 à 58, baptisé par commodité « Mary Jane » la narration se cristallise sur le personnage de Pecola (11 ans), pivot de l’histoire. L’auteure nous met au cœur de l’univers mental de la petite fille, dans les dédales intimes des aliénations transmises par ses parents.

Morrison implique, avec la narration en premier plan, la mémoire des deux autres protagonistes (Claudia, 10 ans et Frieda, 12 ans) porteuses, quant à elles, d’une résistance profonde. Elle aussi transmise et qui révèle une présence corporelle à affirmer, un monde à modifier.

Les modèles dominants d’une société engluée dans ses représentations n’agissent pas de la même façon sur les héritages individuels. Morrison invite le lecteur à se poser question avec profondeur sur l’intériorisation destructrice d’une supposée infériorité immuable, assénée par un regard extérieur.

Le film d’animation, dans l’exploration par les images à construire, dans ce va et vient avec les productions plastiques des adolescents, leurs présences corporelles et l’ intervention artistique, nous engage à laisser une trace inscrite, dans la lignée du  pourquoi et du comment  que questionnent Claudia et Frieda. Le récit en langue anglaise et française sera lu par dix voix. L’entremêlement des langues, des accents (étudiantes américaines, adolescents et adolescentes, comédiennes parfois) accompagneront l’image qui se propose en reflets persistants au récit entendu. Pour Morrison, l’image est première. Elle surgit avant le souvenir et l’éclaire (Claudine Raynaud / col. Voix américaine) .

extraits

Site du projet.

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