« On reconnaît l ‘arbre, plus à ses fruits qu’à ses racines » (proverbe arabe)
Depuis quelques années, de trop nombreux discours provenant de tous horizons nous rabattent les oreilles d’une référence aux racines, crispation sur une identité voulue intangible, incantation dissimulant généralement une peur (inconsciente) des métissages inéluctables. Ce lieu commun, apparemment légitime et anodin, véhicule une idéologie implicite du repli communautaire en se référant à un passé mythifié, oblitérant le présent. En repérant les fruits, sans instrumentaliser les racines, il s’agira d’inscrire un discours rendant compte de la complexité du vivant, de son adaptation dans le présent, garant d’un futur viable.
Parce que les villes ont toujours été le lieu d’accueil de toutes les mobilités et de tous les croisements, parce que des personnes ont développé des qualités de courage et de générosité, parce que nous vivons ici et maintenant, il nous faut mettre ces fruits en lumière pour qu’ils puissent encore mieux nourrir l’ensemble de la communauté. Le projet s’attachera au recueil de multiples paroles individuelles auprès de personnes incarnant une tentative de synthèse entre les mondes dont ils sont le lieu de contact.
Une part importante de notre démarche repose sur l’exercice collectif au travail de l’imagination, de la libre expression, de la tension à l’observation pour être dans l’état d’improvisation pertinente. Nos matériaux d’expérience sont mis en forme en fonction de leur écho avec « l’obscur pressentiment » qui précède l’état de mise en travail évoqué par Brook (Point de suspension).
Nous nous orientons dans ce projet vers des textes plus introspectifs, livrés en de plus larges séquences. Plusieurs comédiens de la compagnie, ayant affiné au fil des années leur savoir-faire, pourront en assumer la charge.
Nous quitterons l’appropriation extensive de l’espace-scène pour des mises en situation dans un espace contracté ou seront inscrits successivement les différents univers explorés. L’image-vidéo prendra en charge la part rêvée, non verbalisable, fantasmée, de chaque personnage.
Ce travail, rêvé dans sa phase préparatoire, sera ce que feront de lui les rencontres entre les générosités et les capacités entrecroisées. Il sera une tentative de dessiner de grands et petits portraits parlés : morceaux de l’histoire de chacun qui font l’histoire de tous.
Martine DE KONINCK – mars 2003
FICHE TECHNIQUE
Objectifs généraux :
– Explorer les univers mentaux dans une société multiethnique, ici et maintenant.
– Impliquer les habitants dans une réflexion menant à la définition de repères ayant valeur collective.
Le 3ème volet :
Prolongement du travail entrepris avec le 2° volet sur les représentations de l’identité nationale mais en s’orientant vers des portraits d’aujourd’hui évoquant les traces du passé. Il s’agira d’une série d’histoires contemporaines, exemplaires, intimes et dépouillées, ouvertes sur l’avenir; sorte de pages tournées sur l’Histoire ancienne.
Matière : Recueil de paroles en collège (dispositif « Théâtre au collège »)
Montage de textes : enquêtes sociologiques, œuvres littéraires, autobiographies, etc…
Période : Septembre 2003 à Décembre 2004.
Cible : Tout public : adolescents, jeunes adultes, adultes.
Moyens : Ateliers en Maisons de Quartier.
Effectifs : Auteurs, metteur-en-scène, scénographe, opérateur caméra, musiciens.