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« Dessine-moi un Français ! »  

« Trois entrées vers l’écriture ont été proposées aux élèves. Les deux premières étaient liées à un support d’images : un montage vidéo réalisé au Centre d’Accueil des Français d’Indochine ( CAFI, Lot-et-Garonne ) et l’exposition « Regards sur l’Autre, de l’indigène à l’immigré ». La dernière avait pour support un prélèvement de paroles basé sur leur savoir de l’Histoire de France, fait l’année précédente dans deux classes de 3^ème.

L’excitation, les silences des têtes penchées sur les cahiers, les regards interrogatifs, les airs perdus, incertains d’eux… Les émotions, celles de la première lecture à haute voix du texte collectif, sur les images du CAFI, un silence suivi de « C’est nous qui avons écrit ça ?! ». « Vous avez corrigé les fautes, madame ?! ». J’ai réaffirmé qu’aucune modification n’avait été faite, nous n’avions qu’agencé les récits dans l’esprit du projet en suivant les guides qu’eux-mêmes avaient utilisés…

La fierté dans les regards avait fait place à l’incertitude caractérisée de leur âge. Cela nous a mis forcément dans un autre rapport à l’Autre que de tenter de construire « des morceaux d’écrits » qui seraient dits publiquement. Belle prise de risque !

Se dégager du poids d’un résultat obligatoire afin d’accéder à l’imaginaire, à une forme de liberté, peut permettre la rencontre avec un groupe-classe et son professeur, indépendamment du statut de chacun. C’est un groupe de personnes produisant des réactions chimiques, chaleureuses, à contre-courant des habituelles mises en lumière médiatiques. »

Martine de Koninck – 2002